En Asie

nous l'avons traversé en pirogue pour atteindre le Laos, venant de Thaïlande puis nous avons pris un long bateau assez lent pour le descendre, hier, sur cent cinquante kilomètres.

cela a pris toute une journée, le batelier était attentif à éviter tous les rochers qui encombrent désormais le lit du fleuve aux eaux basses et la batelière nous a fait à manger, nous étions seuls avec le guide sur le bateau.

Nous avons vu quantité d'orpailleuses sur les berges et nous sommes arrêtés une seule fois, pour visiter un village Hmong

les nombreux enfants vont en haillons, car les habitants qui vivent essentiellement de la pêche, de leur jardin potager, et de l'élevage de cochons noirs manquent de cash pour acheter des habits

mais on peut encore voir d'élégantes grand mères

l'état s'occupe d'eux: ceux là ont été déplacé depuis leur montagne jusqu'au bord du fleuve, on leur a amené l'eau qui coule de plusieurs bornes fontaines dans le village, ils ont l'électricité et un dispensaire.

ils ont aussi une école où tous les petits hmongs apprennent la langue nationale.

L'argent liquide provient du peu de maïs qu'ils cultivent pour le vendre aux thaïs, de l'élevage de quelques zébus de combat et

d'un bien pauvre artisanat de broderie, nous leur avons laissé deux dollars.

on trouve du tissage partout, les femmes des minorités tissent partout et elles y sont encouragées par toutes les âmes charitables qui se penchent sur leur triste sort, l'état, les missionnaires, les agences internationales, les ONG, etc...

 Les résultats sont très différents selon, je ne dirai pas les ethnies mais, les villages. On s'est fait (modestement) arnaquer à Lombok dans un village dont s'occupent des associations allemandes où elles ont créé un centre d'artisanat d'où il nous a paru difficile de ressortir sans acheter pour 50 euros deux pièces de tissu qui ne nous enchantaient guère.

Hier c'est le contraire qui s'est produit dans un village de tais noirs, installé au bord d'une route peu fréquentée, où nous sommes tombés sur un groupe de dames qui nous ont montré avec beaucoup de gentillesse et de sourires leur production que nous avons trouvée magnifique, tant par le dessin que par l' harmonie des couleurs, un peu acides (apparemment elles teignent elles mêmes les fils qu elles tissent)

nous avons mis la main sur le tissu ci-dessus et sur un autre pour trente euros, deux tissus beaucoup plus beaux et près de moitié moins chers que ceux de Lombok.

Il faut noter que ces femmes portaient toutes un beau sarong, normalement, un matin à onze heures pour vaquer à leurs occupations dans le village aux maisons de bambou et au sol en terre battue.

il s'avère que les thaïs noirs sont de loin les meilleurs tisserands, ils tissent le coton et parfois la soie. nous avons eu des chiffres intéressants concernant les activités d'une femme qui élève des vers à soie, file les cocons, teint de couleurs naturelles les fils, et finalement tisse de fort belles écharpes. Tous les trois mois ses vers (nourris comme partout de feuilles de mûrier) lui donnent trois kilos de cocons d'où elle tire le fil nécessaire à la confection de quinze écharpes. le tissage d'une écharpe lui prend trois jours de travail. Elle vend ses écharpes dix euros la pièce.

ces gens étaient là avant les laos, et il sont presque la moitié des habitants de Muang sing

ils sont remarquables à plus d'un titre: les toitures de leurs maisons sont, nous semble-t-il, les plus belles de toutes celles que nous avons vues, elles sont en feuilles, touffues, tombant presque jusqu'au sol. Dans plusieurs villages akhas visités il n'y avait pratiquement que des toitures végétales comme celles ci-dessous:

et les chapeaux que portent leurs femmes  sont très étonnants, formés de bandes et de plaques d'argent (métal) agrémentés de pièces d'argent, de perles, de pompons, de fleurs. Comme toutes les femmes de la région elles portent les cheveux très longs, elles ne les coupent jamais, ils sont très noirs et elles en prennent grand soin. Le chapeau peut recouvrir un chignon, même de grande dimension ou bien laisser s'echapper les cheveux réunis en queue de cheval.

ces dames en chapeau allaient simplement au marché

elles sont surtout faites pour chanter la gloire de Bouddha et la faire éclater aux yeux de tous: la stupa ci dessous, sur une colline dominant la ville de Luang Nam Tha, se voit de loin, elle a été édifiée en 2004, avec des donations, les noms des donateurs sont écrits à l'intérieur. C'est une structure en ciment assez mal bâtie, mais bien dorée!

les temples de Muang sing et de sa vallée sont beaucoup moins reluisants en dépit de la générosité des allemands qui s'occupent beaucoup de Muang sing, ils y ont construit un marché, une école, ils ont aménagé un musée"tribal" dans l'ancien (et bien modeste) palais du gouverneur et ils ont envoyé sur place un architecte auteur d'une intéressante étude sur les temples de la région qui a dessiné ceux qui viennent d'être remodelés ou reconstruits.