En Asie

ce sont des miaos qui ont fui la Chine il y a mille ans et se trouvent maintenant disséminés dans le nord du Vietnam du Laos et de la Thaïlande.

Leurs villages sont beaux, avec peut-être un plus grand souci d'urbanisme dans la disposition des bâtiments que chez les autres minorités, ils ont aussi de beaux toits, bien différents de ceux des Akhas. Ces toits sont faits de plaques préfabriquées (évidemment à la main) avec de grandes herbes sauvages dont une extrémité est fixée (ligaturée) à une tige de bambou.

Les festivités de nouvel an qui durent un mois et ont commencé nous ont permis de voir des femmes et des jeunes filles Hmong dans leurs plus beaux habits

qui sont vraiment somptueux.

les femmes yaos brodent, elles s'y mettent à plusieurs assises sur des petits tabourets de rotin au milieu de la rue;

comme dans toutes les autres minorités et chez les laos eux mêmes

(qui sont une minorité dans le district de Muang Sing)

les gens aiment poursuivre leurs activités dehors dans la rue et à plusieurs et ils sourient quand on s'approche, que l'on regarde et que l'on s'intéresse à ce qu'ils font.

Les femmes yaos d'un certain âge sont en général très élégantes habillées de noir, avec une espèce de turban noir et autour du cou comme un renard du plus beau rouge; elles brodent plus pour elles mêmes et leurs familles que pour les touristes. Une fillette sur deux porte, même pour aller à l'école, une jupe assez longue, tombant à mi mollet, et ornée dans le bas d'une bande brodée, cela leur va très bien.

Elles brodent aussi de somptueux bonnets pour les bébés.

on a diabolisé les démocraties populaires et on continue, je veux dire qu'une propagande insensée déversée à chaque instant sur les ondes et dans la presse continue à nous présenter les démocraties populaires comme des caricatures de la vraie démocratie, la notre, l'occidentale, la seule, la vraie. Synonime d'impéritie généralisée, de manque de liberté, de nomenklatura les démocraties populaires sont honnies.

mais ici, on en a une autre vision, le Laos semble être une démocratie aussi aimable que populaire, ou populaire qu'aimable. Cela tient peut-être au caractère doux des laotiens, cela tient aussi à ce que la frénésie de consommation et de productivité, destinée plus à l'enrichissement de quelques uns, qu'au bonheur du peuple ne s'est pas encore emparée de ce pays comme du notre , comme de toute l'Europe, comme des anciennes démocraties populaires de l'est de l'Europe.

dans le petit district de Muang Sing, coincé contre la Chine et la Birmanie, douze ethnies au moins se partagent le territoire sans problème: on cultive, on construit, on répare les maisons anciennes, fussent-elles en bois ou en bambou, on tisse, on brode, on fait des paniers.On  a plein de motoculteurs chinois aux quels on peut atteler des carrioles. Des ribambelles d'enfants qui ont l'air bien nourris et en bonne santé vont à l'école à pied ou à vélo,(des enfants de cinq ans allant à pied ou à vélo le long d'une route nationale, vous imaginez ça vous? en France?). On a pour se déplacer des motos, certaines transformées en tuk-tuk par adjonction d'une remorque à passagers, des petits camions de brousse coréens et même quelques pick up toyota rutilants et tous neufs, et nous avons vu passer des vélos électriques. Une grande partie des activités, commerciales et artisanales se déroulent sur le trottoir ou carrément dans la rue, on dit bonjour aux insonnus, les enfants eux mêmes disent bonjour aux inconnus (sans doute parce qu'on leur apprend à le faire). Et tout cela ma foi crée une atmosphère bien agréable, très conviviale, où apparemment les gens ne vivent pas dans la peur de l'autre, la peur de l'étranger, la peur du pédophile, la peur de tout, mais vivent ensemble apparemment avec plaisir. C'est peut-être ça le peuple, des gens qui vivent ensemble sans avoir peur les uns des autres!

l'art boudhique pose mille questions aux quelles nous ne savons pas répondre et nous désespérons, après près de trois mois à en voir,

d'obtenir jamais la réponse.

Pourquoi n'est-il jamais mentionné de nom d'artiste, architecte, sculpteur ou peintre?

Est-il concevable qu'un sculpteur sculpte un bouddha légèrement différent des bouddhas habituels?

Que se passerait-il s'il le faisait?

(comme nombre d'artistes chrétiens ont produit des représentations modernisées de Jésus Christ ou de la Vierge Marie qui ont sans doute choqué au début les plus traditionalistes mais sont aujourd'hui universellement admirées)

Les bouddhas ci dessus sont dans le fond d'un temple de Luang Prabang, alignés derrière le maître autel et aussi mal mis en valeur que faire se peut, il y en a quatre vingt numérotés, en bois, dont on ne sait pas trop de quand ils datent, ni qui les a fait ou fait faire, ni comment ils ont abouti là. On apprend seulement que leur cataloguage est en cours, dans une coopération Etats-Unis Laos

(ce qui signifie qu'il n'existait pas de liste de ces sculptures pourtant belles)

en dehors de sculptures de Bouddha, il y en a des tas d'autres, par exemple des gardiens de temple ou des "déesses de la terre", comme ci-dessus. Ce sont des scultures nettement plus folkloriques pour les quelles le sculpteur parait jouir de plus de liberté de création: elles sont en général plus amusantes que belles et elles peuvent aussi être atrocement mauvaises. Nous n'arrivons pas plus a savoir qui fait ces statues que qui fait les statues de Bouddhas.

ville royale, ville de monastères, ville coloniale Luang Prabang mérite amplement d'être inscrite au Patrimoine de l'Humanité. Et quand on a la tête un peu trop pleine d'art, c'est agréable d'aller se rafraichir les idées aux cascades de Kuang Si à vingt kilomètres.

La rivière, les cascades, les petits bassins dans les quels on peut se baigner entre les cascades, la végétation magnifique et luxuriante font de ce lieu un endroit charmant et frais, à vrai dire l'eau était si fraiche que nous nous sommes contentés d'y mettre les pieds.