En Asie

ceux qui sont en briques sont les plus vieux, celui ci doit dater du septième siècle;il fait partie d'un groupe remarquable dans la forêt qui est peut être ce qui nous a le plus impressionnés.

Nous avons beaucoup aimé l'intérieur pyramidal  de trois ou quatre d'entre eux

ce dernier est à Angkor même où c'est aussi l'un des plus vieux en briques.

La quantité de briques et de blocs de pierre (latérite volcanique et grès très dur, à grain fin) remuée par les khmers à Angkor et aux environs entre les septième et le treizième siècle défie l'imagination et nous n'avons pas encore vu deux temples semblables par leurs plans et la disposition des multiples bâtiments qui les composent.

On voit mal comment ils auraient pu servir une liturgie unique, ils n'ont en commun que la petitesse des espaces voûtés (qui sont voûtés de briques, comme ceux montrés ci dessus, en forme de cheminée, ou de grosses pierres en encorbellement les unes par rapport à celles d'en dessous à la façon des bories du Vaucluse) et la difficulté de cheminer à l'intérieur du temple entre les nombreuses constructions qui se situent à des niveaux différents avec des escalier fort incommodes pour y accéder.

pour une fois, voici un décor d'éléphants purement profane sur le mur de souténement d'une longue terrasse dans la ville d'Angkor Thom.

c'est un roi victorieux qui l'a faite construire au douzième siècle.

Cette ville entourée d'une enceinte occupe un vaste espace de deux km sur trois,

elle contient plusieurs temples,

mais curieusement elle n'a pas été fouillée en tant que ville,

on ne sait pas comment on y circulait, on ne sait pas où habitaient ni le roi, ni les dignitaires, ni les fonctionnaires, ni le menu peuple.

les fouilleurs d'angkor, c'est à dire beaucoup l'école française d'extrême orient, semblent avoir eu et avoir toujours une obsession du sacré qui les fait se pâmer devant une sculpture censée représenter un dieu, une déesse, même si c'est le trois cent vingt cinquième exemplaire identique

et négliger complètement l'analyse architecturale du bâti et l'étude des conditions matérielles de la vie au douzième siècle dans l'empire khmer.

tout ce qu'en disent les guides c'est que ces grosses têtes ornant les "tours", qui apparaissent pour la première fois dans ce temple du Bayon au douzième siècle, sont "énigmatiques" 

même quand elles ont les seins fermes et ronds, et elles les ont toutes, les danseuses finissent par lasser, on imagine mille Joconde au Louvre ou cinq cents Davids de Michel Ange à Florence!

et notre guide Phallin, ni très agréable, ni très intelligente, n'a pas réussi à nous convaincre entièrement que décorer une pièce de danseuses aux seins nus soit ce qu'on peut faire de mieux pour inviter à la méditation et que toutes ces poitrines généreuses aient un caractère sacré évident.

les fonctionnaires des rois khmers n'étaient pas mal traités, à Angkor Vat, ils disposaient de quatre piscines (rituelles) ornées de danseuses aux seins nus et de quatre petits frontons où l'on voit Shiva dans une position lascive avec l'une de ses épouses,

tout ça pour se purifier!

dessinées en jaune sur fond rouge, la faucille et le marteau flottent sur tous les bâtiments de Houey Xai, le poste frontière laotien où nous avons franchi le Mékong venant de Thaïlande. elles flottent même sur les banques, entre deux éléphants!

même en Chine nous n'avons pas vu cela.

c'est émouvant de voir ce petit pays croire encore, ou au moins afficher encore sa croyance, en les vertus du travail que symbolisent ces deux outils et brandir cet étendard contre le capitalisme triomphant et les requins de la finance qui régentent la planète.

Le parfum qui imprègne toute cette bourgade est bien le même, pour ceux qui ont comme nous l'âge de s'en souvenir,

qui imprégnait feu les pays de l'Est:

au milieu de tout un tas d'incommodités la certitude que si l'on est pauvre au moins l'on est honnête et que l'état (ou le parti, c'est la même chose) est là pour protéger le citoyen

et non pour s'engraisser sur son dos.